Info-Amicale n° 12 - juillet 1996

Sommaire


Le mot du Président

Ce douzième bulletin Info-Amicale de juillet vous arrive avec un léger retard dont je m'excuse auprès de vous. Cependant, il a l'avantage de couvrir les deux manifestations importantes récentes : les Coupes Moto-Légende à Montlhéry et notre quatrième rassemblement annuel en province, à Beaune, cette année. Il y a quatre ans, l'Amicale avait pour seule activité d'organiser des expositions statiques à Rétromobile. Nous pouvons constater maintenant que le programme s'est singulièrement étoffé. Ce qui ne veux pas dire que le taux de participation augmente pour autant et, ça, croyez bien que je le regrette beaucoup ! Mais il faut se rendre à l'évidence : ces deux manifestations en ont bien fait une fois de plus la démonstration.

 

D'un autre côté, la qualité de ces manifestations, elle, s'améliore. Les permanents (presque toujours les mêmes) finissent par travailler ensemble dans un réel climat de sympathie et c'est, en somme, la consécration de ce nom d'"amicale" qui désigne notre association.

Continuons à organiser, essayons de participer davantage à ces manifestations amicales. Elargissons notre accueil aux plus jeunes qui vont prendre en main notre patrimoine dans des conditions parfois plus difficiles que celles que nous avons connues puisque la réglementation devient plus rigoureuse, que les motos réellement anciennes se raréfient et que leur prix augmente. Alors, si en complément de cette amitié, nous rajoutions la solidarité ? Peut-être, cette fois, la participation augmenterait-elle ?

J'en ai terminé avec mes leçons de morale qu'il faut prendre pour ce qu'elles sont : un simple rappel des bonnes relations entre passionnés.

Voyons brièvement le programme des trois prochaines manifestations. Tout d'abord, notre Assemblée générale annuelle. Vous serez informé par notre prochain bulletin Spécial A.G. de septembre du lieu et de la date, non encore définitivement fixés à ce jour. Ce sera, comme chaque fois, l'occasion de reparler de nos projets, en cours ou futurs. Personnellement, je vais pouvoir consacrer un peu plus de temps à certains projets qui ont pris un léger retard, précisément par manque de disponibilité.

Un peu plus tard, nous aurons notre habituel rendez-vous lyonnais (Epoq'auto), les 20 et 21 octobre prochains. J'invite dès à présent ceux que ça intéresse à nous retourner le bulletin d'inscription que vous trouverez joint à ce numéro d'Info-Amicale. Nous y aurons un stand assez spacieux de 30 m2.

Enfin, ce sera Rétromarché qui, cette année, a lieu au Parc floral de Vincennes, les 1er, 2 et 3 novembre. Là aussi, que ceux qui veulent y venir, soit en simples visiteurs, soit aussi pour assurer une permanence, veuillent bien nous retourner le bulletin d'inscription. Notre stand sera plus modeste puisque sa superficie ne sera que de 15 m2. Eh oui, le mètre carré "parisien" est deux fois plus cher que son homologue lyonnais ! Je compte sur une présence nombreuse. Pensez qu'à Rétromarché nous sommes "chez nous" davantage qu'à Rétromobile où la partie dévolue à la moto se rétrécit, telle une peau de chagrin, repoussée d'abord par les voitures ; cette année, par les bateaux ; demain, peut-être, par les avions ?

J'encourage nos amis qui ne nous ont pas encore retourné la fiche intitulée "Autorisation de diffusion d'informations à l'intérieur de l'AMGR" à le faire rapidement. Je vous ai déjà expliqué les raisons d'être de cette fiche : il faut que tout soit clair entre nous pour assurer la communication entre nos adhérents, même si ça impose de la part du Bureau et de son Président un peu plus de papier à gérer. Rappelez-vous que nos statuts prévoient que toute diffusion d'informations interne ne peut s'effectuer qu'avec l'autorisation de la personne concernée.

Je souhaite à tous de bonnes vacances et un bon repos.

Bernard Prunet, Président de l'AMGR


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Les coupes Moto-Légende 1996

Panorama général de la manifestation

Les 25 et 26 mai, les coupes Moto-Légende 1996 ont connu un succès remarquable, non seulement par la nombre de visiteurs mais aussi par la quantité et surtout la qualité des motos présentes. Si BMW fêtait son 80ème anniversaire à cette occasion, la firme de Munich a su donner à cette manifestation une dimension nouvelle et vraiment exceptionnelle.

 

Quelques chiffres montrent la progression annuelle : 1993 : 850 motos et 10 000 visiteurs. 1994-1995 : 1 000 motos et l'apparition des entrées et inscriptions payantes ne fait pas reculer le nombre de visiteurs. 1996 : 3 000 motos et 25 000 visiteurs. La moto ancienne a pris, à Montlhéry, une dimension internationale.

Des machines exceptionnelles étaient présentées en plus d'un très beau musée de motos BMW, de l'origine de la marque à ses dernières productions du moment. Du côté des autres marques, nous avons pu voir et entendre la fameuse six cylindres Honda. Les MV trois et quatre cylindres, la Benelli "4 cyl" et l'AJS 7R faisaient un complément très apprécié. Malheureusement, trois de ces magnifiques motos connurent une série d'incidents techniques qui abrégea la durée de leur prestation.

Pendant les deux jours, le temps ne nous a pas gâté : vent, tempête, pluie sans presque discontinuer avec de trop rares apparitions d'un timide soleil. Pâques ou Pentecôte : même combat, même sauce. Le terrain, sec à l'origine, était rapidement devenu un véritable bourbier à tel point qu'il était téméraire de se déplacer à pied sans se munir d'une bonne paire de bottes.

Les clubs moto anciennes avaient pris une bonne place dans le village "clubs" un peu plus aéré et mieux disposé que les années précédentes. Si les clubs BMW venus de tous les coins de France étaient regroupés sous la bannière du club BMW-France, nous avons pu apprécier bon nombre de nouveaux clubs venus de province, certains de loin pour présenter de bien belles machines. Heureuse circonstance qui nous a permis de voir des machines qui avaient fait le déplacement hors de leur région pour participer à cette grand'messe de la moto ancienne que sont devenus les Coupes Moto-Légende.

Chaque club avait fait un gros effort de présentation mais le mauvais temps et surtout le vent ont eu raison des descriptifs soigneusement préparés pour identifier chaque moto.

Du côté du commerce habituel, rien de bien nouveau si ce n'est la présence de bons vendeurs qui s'accrochent courageusement pour résister aux distributeurs de pacotille dont le nombre ne cesse d'augmenter. Certains bricoleurs amateurs de transactions douteuses se sont transformés en "vendeurs" non patentés. Tout cela ne peut manquer d'avoir un impact négatif sur les présentations des véritables professionnels. On finit par identifier ceux qui font commerce de pièces d'origine douteuse, parfois inutilisables mais le néophyte se fait facilement piéger. Il serait souhaitable d'établir un filtrage pour éviter ce mélange des genres, mais comment ?

Nous avons apprécié les services et les matériels proposés par les gens de métier. Ainsi, les produits RESTOM dont la qualité et l'efficacité ont solidement établi la réputation. Pierrot Bataille et Jean Lalan, toujours imperturbables offraient leur qualité habituelle à des prix raisonnables. Nous avons regretté l'absence de M. Méneau, repreneur des bobinages Pascal qui a su redorer le blason bien terni de cette entreprise de réparation de magnétos, dynamos et autres matériels électro-mécaniques. Avec lui, nous avons affaire à un véritable professionnel, qui plus est amateur convaincu et scrupuleux de motos anciennes. C'est après avoir constaté à plusieurs occasions la qualité de son travail que nous en parlons et c'est pourquoi nous aurions souhaité le voir à Montlhéry.

Le stand de l'AMGR

Après ce tour d'horizon général, parlons un peu de nous. En 1995, nous avions marqué les coupes Moto-Légende par le passage de la Colonne de l'Histoire avec sa collection d'AX2 et de motos militaires. La réédition du parcours qui nous avait amené depuis l'Ecole de Gendarmerie de Fontainebleau jusqu'à Montlhéry n'a pu avoir lieu cette année car le phénomène BMW semble avoir envoûté nombre de nos adhérents qui ont préféré ressortir une machine de cette marque plutôt que d'enfourcher leur monture gauloise. De plus, il nous avait été demandé d'assurer les motos de collection accompagnatrice du SIRPA, ce qui posait d'insurmontables problèmes administratifs. Nous serons donc amenés à revoir cette organisation pour les années à venir et nous allons y réfléchir pour 1997.

 

Le stand de l'AMGR figurait en bonne place dans le village des clubs puisque situé en tête avec les clubs Ratier-CEMEC et ACVB Bernardet, notre voisin immédiat. Nous en profitons pour féliciter la famille des scooters Bernardet qui travaille sans relâche pour préserver leurs belles machines. Ils ont bien mérité la coupe des collections qui leur a été attribuée par le jury présidé par Michel de Thomasson.

Le mauvais temps semble avoir découragé les bonnes volontés car notre plateau était plutôt maigre. Heureusement, nous avions la CV2 de notre ami Jacques Lemonnier, la D4 de Michel Vallerie, venu de Demouville, près de Caen, les très belles 125 et 175 cc de nos amis de la région parisienne Jean Peze et Bernard Schumacher. D'autres adhérents nous ont fait le plaisir de passer un moment avec nous. L'occasion était belle de présenter notre caisse de side-car Estafette. Elle a été très remarquée par la qualité de sa réalisation. Ce projet semble intéresser beaucoup de monde si nous en jugeons par les questions qui nous ont été posées, les demandes de prix, la façon dont le projet avait été conduit, etc. Nous pensons que cette série de caisses Estafette connaîtra un nouveau lancement à partir de 1997 avec la présentation du châssis.

Présence de la FFVE

Comme l'année précédente, la Fédération française des véhicules d'époque avait son stand dans l'espace clubs. La permanence y a été assurée par Michel de Thomasson et Bernard Prunet qui ont apporté le soutien indispensable aux amateurs isolés, à ceux qui rencontrent des difficultés administratives et ne savent comment les résoudre sans le secours d'un club tutélaire. Avec, en toile de fond, le leitmotiv des cartes grises de collection. Nous reviendrons sur ce sujet dans un prochain numéro d'Info-Amicale en essayant de le traiter au mieux pour le bien de tous.

 

Il apparaît de plus en plus indispensable que les clubs de motos anciennes s'affilient à la FFVE et il est dommage que les présidents de clubs n'en aient pas tous perçu l'intérêt. Il faut remarquer que ces réticences sont plutôt le fait de clubs anciens car les clubs récents sont plus facilement convaincus et leur préoccupation semble être la recherche d'un parrainage. De ce côté, l'AMGR a déjà largement "donné" mais avec discernement. Il y a un effort de communication à faire de part et d'autre et nous essaierons, dans la mesure de nos modestes moyens, d'y participer.

Réflexions et conclusion

Ce n'est pas à nous de nous couvrir de fleurs mais nous voulons simplement souligner notre présence, depuis sa création, à cette manifestation à l'intérêt de laquelle nous avons toujours cru. C'est, pour beaucoup de nos adhérents, une occasion de rencontre et de discussions et chacun peut voir les refabrications dont s'enrichit notre catalogue.

 

Participer à cette manifestation demande un effort de volonté qui semble décourager certains. En effet, ceux qui viennent en voiture ou traînent leur moto sur une remorque ont une interminable queue à faire depuis le bas de la côte avant d'accéder à l'entrée. Pour les visiteurs, c'est à peu près le même problème. Et puis, lorsque le temps est maussade, on hésite...

Nous aimerions que vous nous fassiez part de vos réflexions : de ce qui vous a plus, de ce que vous avez regretté, de ce que vous suggérez comme améliorations. Cela viendra grossir le dossier que nous avons l'intention de présenter à l'organisation des Coupes. Par exemple, beaucoup de clubs souhaiteraient pouvoir arriver la veille pour installer leur stand.

Un grand merci à tous ceux qui sont venus nous aider ou simplement visiter notre stand, surtout lorsqu'ils sont venus de très loin. Si le temps ne nous a guère accordé ses faveurs, nous avons malgré cela assisté à une belle manifestation à la gloire de la moto ancienne, toutes marques confondues. Faisons en sorte que cette manifestation puisse se renouveler dans de meilleures conditions d'accueil.

Rendez-vous, donc, au stand de l'AMGR aux Coupes Moto-Légende de 1997. C'est déjà demain !


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Le circuit de Beaune

Pour la troisième année consécutive, l'Amicale des Motos Gnome & Rhône organisait son rassemblement des motos de la marque en province. Comme nous l'avons annoncé depuis la dernière assemblée générale, c'est à la demande de l'Office du Tourisme de cette ville que ce lieu a été choisi pour 1996.

 

Si Beaune a voulu recevoir notre visite, c'est avec la récompense offerte à tous que nous avons découvert les 15 et 16 juin derniers une cité radieuse et ensoleillée à souhait. La Bourgogne nous a comblé par une météo favorable, un public accueillant à chacune de nos étapes où, outre la curiosité pour nos motos anciennes, la joie et la sympathie nous ont été accordées sans réserve. Que de chemin parcouru pour cette petite équipe qui se retrouve pratiquement à nombre égal et à l'identique depuis trois ans dans un rassemblement amical. Des volcans d'Auvergne en passant par les campagnes du Bourbonnais en 1995, nous voici donc dans les mémorables coteaux de Bourgogne où Volney, Mercurey, Vougeot résonnent dans nous souvenirs gastronomiques puisque ce sont les crus tant réputés que nous allons découvrir durant ce trop court séjour.

Au point de rencontre fixé pour tous au Camping de Savigny-lès-Beaune dès 9 h du matin, nous avons constaté que l'animation allait tourner à une activité de motos anciennes de qualité. En effet, déjà nous avons remarqué de très belles motos venues de loin puisque nous retrouvons nos fidèles amis d'Avignon, de Marseille, du Gard et aussi d'Auvergne, du Cher et de l'Allier. Comble de surprise : notre ami hollandais Besselink venu tout spécialement d'Heelsum accompagné de sa fille et qui nous présentait une très belle 500 type C bien restaurée. Une bonne collection de plus de vingt motos s'alignent déjà avant le départ qui sera donné avec un léger retard sur l'horaire prévu.

Notre ami Merco est venu présenter sa belle ABC qui provient de son musée de Nyons. Il fera le parcours avec une D5 Armée déjà vue dans le fameux Bordeaux-Paris. Daniel David, quant à lui, est venu avec son inséparable side-car XA2. On remarquait aussi une Gillet-Herstal attelée d'une petite remorque monoroue amenée par Alain Roux, récent adhérent qui nous informe que sa type C n'est pas encore complètement restaurée. Ce bel attelage est remarqué car il est rare.

La traversée de Savigny-lès-Beaune s'effectue sans difficulté. Heureusement, car il faut savoir que les rues de ce village sont particulièrement étroites et sinueuses. Le convoi prend alors la direction de Beaune où, contrairement à nos prévisions, nous ne ferons pas le tour des remparts car les arrêts aux (nombreux) feux rouges risqueraient de faire chauffer les moteurs. Donc direction Fontaines où un arrêt est autorisé au café principal. Halte appréciée car le soleil est également de la partie et il est donc indispensable de ménager hommes et montures. Cette première pause permet de faire un état des machines. Elles se sont bien comportées et on ne déplore qu'un seul incident : une crevaison à la sortie de Beaune. Notre ami malchanceux a le bonheur de trouver une station service à proximité pour effectuer la réparation dans un temps très court. Il pourra nous rattraper rapidement au prochain arrêt prévu à Buxy.

Les photos souvenirs vont bon train et toute la gamme, des 125 aux plus grosses sont mitraillées par de gourmands objectifs. Voilà de quoi alimenter nos assemblées générales et les agapes qui les prolongent.

Le bilan de santé étant satisfaisant, nouveau départ pour une courte étape qui nous sépare de l'auberge où un déjeuner bourguignon nous attend. Tout va bien, la campagne a pris la suite des coteaux de Beaune où la culture souffre de la sécheresse nationale. Des petits villages que nous traversons, quelques curieux alertés par le pom-pom de nos échappements "hors norme" nous dévisagent un peu bizarrement. "C'est pas souvent qu'on voit ce genre d'expédition par ici !" nous dira-t-on plus tard. Buxy est en vue. Nous allons faire un tour de la cité sous l'oeil intéressé des habitants. Certains viendront voir les motos de plus près au parking du restaurant. L'accueil est excellent, le patron, très heureux de nous recevoir, a convié un de ses amis pour faire un petit reportage dans le journal de la Saône et Loire. Nous ne saurons jamais ce qu'il en est advenu, étant restés sans nouvelle du reporter. Mais, grâce à notre ami Philippe Peutin qui réside dans le secteur, nous avons pu avoir un extrait du journal dans lequel on parle de nous. (Merci à Philippe pour son info.)

Le menu est copieux et arrosé (sans excès !) d'un vin du pays. Le repos est bien mérité car une forte chaleur nous a accompagné jusqu'à cette étape gastronomique qui a été très appréciée par tous. La discussion est vive sur le sujet des motos. Restauration pour restauration, que ce soit celle du pilote ou celle de la machine, il y a beaucoup à dire. Le repas se prolonge un peu plus que nous ne l'avions prévu dans notre planning. Il nous reste plus de la seconde moitié du circuit à effectuer avec un rendez-vous très important au musée des motos de Savigny-lès-Beaune, à quelques kilomètres de notre point de départ.

La colonne se remet en route pour ne s'arrêter qu'à Châlon sur Saône où nous faisons un point de rassemblement. Quelques retardataires ayant eu un incident avec la gendarmerie (histoire d'admirer les machines anciennes à cette occasion...) nous rejoignent finalement au mieux de leur monture. Tout au long de ce circuit, la vitesse moyenne a été maintenue entre 50 et 60 Km/h, allure qui permet de rassembler un peloton assez compact en file ou en petit groupe sans avoir à attendre les petites cylindrées. La traversée de Châlon sur Saône est évitée en suivant les déviations qui nous ont été indiquées par un des participants qui habite la région. Heureuse initiative car la traversée d'une grande ville par temps de canicule est quelque chose de bien éprouvant. Les trente derniers kilomètres s'effectuent normalement sans incident majeur si ce n'est une Junior qui a décidé de prendre un peu de repos. Ces grand mères font vraiment ce qu'elles veulent et n'importe où... Heureusement, l'assistance technique est bien rodée et ces bénévoles du SAMU de la moto sont indispensables avec leur brancard à deux roues. Félicitations à cette équipe dynamique et courageuse.

Le regroupement à l'arrivée du musée des motos se fait presque au complet sauf pour une moto qui est restée en arrière en contournant Beaune. Instant d'émotion mais tout finit bien et l'équipe va se diriger au grand complet pour visiter par petits groupes ce fameux musée où la diversité des matériels est imposante. Logée dans un très beau château des XIV et XVIIèmes siècles situé dans un parc immense où se mélangent la verdure, les arbres plus que centenaires et la vigne, une foule de motos crée un séduisant anachronisme. Les collections sont diversement mises en valeur : aéronautique, automobiles, motos, maquettes sur l'aviation (650 exemplaires sous vitrine) et, enfin, collection d'étiquettes vinicoles : juste tribut rendu à la région d'accueil.

La visite de cette fabuleuse collection s'effectue en deux secteurs de la propriété. Tout d'abord dans les espaces du château où se trouvent plus de vingt voitures de course "prototypes" Abarth des années 65-75, certains uniques et avec lesquels le propriétaire du château, Michel Pont, participé pendant sept ans à des courses internationales, en côte et en circuit.

Ensuite, dans les salles du second étage, nous découvrons une collection, unique en France, de plus de 500 motos datant des années 1903 à 1960 et qui représentent toutes les nationalités. Malheureusement, moins du tiers sont en état, les autres étant incomplètes. Toutes ne sont pas visibles car entreposées dans les combles du château.

On y voit des motos ayant appartenu à Jean Mermoz ou Georges Monneret en passant par celle du chanoine Kir (dont la célébrité en tant que maire de Dijon a été largement éclipsée par l'apéritif à qui il a laissé son nom. D'ailleurs il ne figure même pas dans les noms propres du NPLI, mais seulement dans les noms communs). La partie consacrée à l'aéronautique expose des avions déclassés par l'Administration des Domaines : Ouragan, Mystère II et IV, une série presque complète des types Mirage. Dommage que ces appareils ne puissent pas être mieux abrités.

Le retour au camping s'effectue sans difficulté. Dans la journée, nous avons décidé de faire un dîner pique-nique, le restaurant du soir n'ayant été retenu que sur option. Ce dîner champêtre a été merveilleux et le repas sans façons a été apprécié de tous. Beaucoup ont pu regagner leur domicile après cette collation alors que, sinon, cela ne leur aurait pas été possible. Ce qui n'a pas empêché les courageux de prolonger leurs discussions fort avant dans la nuit... Mais il fallait quand même se coucher car, le lendemain dimanche, une nouvelle sortie nous attendait.

L'Office du Tourisme et la ville de Beaune nous ont permis d'exposer nos motos sur la place de l'Hospice de Beaune le dimanche matin. En profitant du temps radieux qui nous comblait de nouveau, nous avons pu présenter sous les yeux de très nombreux visiteurs des mécaniques qu'ils n'étaient pas habitués à contempler. Connaisseurs ou non, ils ont apprécié ces machines qui étaient toutes venues par la route, même l'ABC qui avait retrouvé son souffle pour affronter avec élégance les quelques cent mètres nécessaires à s'installer.

12 h 30 : levée de l'exposition pour un nouveau retour au camping pour ceux qui veulent déjeuner rapidement avant de reprendre le départ. Déjà, plusieurs participants nous ont quitté car de Beaune à Avignon ou à Marseille, la distance est longue.

Félicitations à nouveau à ces amis venus de loin. J'allais oublier la gentillesse et la qualité des services que nous ont offert la famille de Guy Arcis (notre cher ami à la belle Major), venue en camping-car. Madame Arcis, en particulier, a été une véritable mère nourricière aux petits soins pour tous. Et n'oublions pas de féliciter la présentation de la superbe New Map restaurée par le paternel !

Tous ces petits faits narrés trop rapidement prouvent la bonne ambiance qui s'est installée au cours de ce rassemblement que nous souhaitons élargir à un plus grand cercle. Chacun est reparti avec le sentiment d'avoir passé deux jours agréables pour un prix tout à fait raisonnable, l'Amicale ayant pris en charge quelques frais collectifs, comme cela est normal.

Félicitations aussi à ceux qui viennent sans leur moto, délaissée jadis au profit de la petite voiture populaire. Je ne veux citer que Michel Lacoste, Michel Prunet et son épouse, fidèles de la moto ancienne qui nous aident régulièrement au cours de cette manifestation. Je souhaite retrouver cette bonne équipe en 1997 mais avec davantage de participants. Je voudrais donner un petit coup de pouce pour cette organisation qui a des chances de se situer aux mêmes dates. Le choix du lieu n'est pas encore arrêté, deux projets étant en concurrence.

Je remercie tous ceux qui ont fait le déplacement vers cette magnifique région de Beaune au riche passé historique dans lequel notre modeste exposition de motos anciennes du dimanche matin n'était pas déplacée. Et puis, nous pouvions avoir une pensée émue vers Terrot car Dijon n'est pas si loin...


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Ficelles et tours de main

Repose-pied renforcés pour R5, L5, LX200

Il est bien connu que cet accessoire indispensable sur nos machines souffre d’un mal chronique dû à une conception - reconnaissons le entre nous - déficiente. Aussi, sur ma LX 200, ai-je pris le taureau par les cornes pour remédier aux perpétuelles déformations, desserrages, jeu dans les bagues épaulées (lesquelles j’ai purement et simplement supprimées).

 

(Il n'est pas possible de publier ici le plan de fabrication qui se trouve dans l'exemplaire papier du Bulletin)

  • Les tubes viennent de récupération (voir chutes chez un chauffagiste ou sur un chantier de bâtiment).
  • La barre de Ø 14, longueur 520 (origine Ø 12) doit être en bon acier mi-dur qu’on appelle par chez moi « moulrex » et qui passe sans jeu dans le tube transversal du cadre.
  • « * » signifie qu’il est recommandé d’utiliser une électrode inox pour solidariser la barre et le tube comme à chaque fois qu’il s’agit de réaliser une soudure sur acier au carbone (électrode genre INOXARC A8/8 ou SUPERSAF INOX).
  • Vous réaliserez facilement un bossage taraudé pour la vis pointeau d’arrêt (anti-desserrage). Percer d’abord le tube Ø 5 environ. Reboucher (sans inclusion). Recharger à votre convenance (réduire l’intensité). Percer. Tarauder.
  • Il n’est pas nécessaire de disposer d’un tour pour réaliser l’épaulement d’extrémité (18 mm). Cela peut se faire tranquillement au touret à meuler, finition à la lime, ajusté au diamètre 11,8 avant filetage à la main. Lubrification au suif, bien entendu.

Par ailleurs, si cette réalisation n’était pas dans vos cordes, je peux l’effectuer pour un prix modique.

Alain Robichon


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Restauration ou résurrection ?

(ou "Une jeunesse pour la Junior")

(6ème épisode)

Avec le temps des vacances, nous avions décidé de reprendre le collier et de terminer cette laborieuse remise en état. Hélas, comme nous allons le voir, les vents nous furent contraires et si nous n'avons guère avancé, nous n'avons fait qu'un tout petit pas.

Retour sur la partie mécanique

Nous croyons avoir fait le tour de la question dans le quatrième épisode publié... quand, déjà ? en décembre de l'année dernière. C'est presque par hasard que nous avons découvert le problème des joints en feutre. Eh oui, il y a 60 ans, la mode n'était pas aux joint spi et ce qu'on avait trouvé de mieux pour éviter que l'huile ne suinte aux traversées extérieures d'axes, c'était d'intercaler une rondelle en feutre assez consistant. Si nous avions consciencieusement lu le catalogue des pièces détachées disponible à l'Amicale, nous aurions découvert la présence de plusieurs de ces petits joints, généralement appelées "rondelle du presse-étoupe" et dont le prix était, à l'époque, de 1 franc. Le feutre se gorge d'huile et se gonfle, interdisant (ou tout au moins limitant fortement) l'exode du précieux lubrifiant là où sa seule action n'aboutit qu'à collecter les poussières et à donner le disgracieux spectacle d'une machine qui, incapable de contrôler ses sphincters, fait sous elle.

 

Le feutre était alors une matière d'usage courant, les chapeaux n'ayant pas été relégués au rang d'accessoires de théâtre comme c'est le cas maintenant, hormis pour les mariages en grande pompe et le derby d'Epsom. De nos jours, allez donc trouver du feutre ! Et en petite quantité, encore ! Pour le liège, on sait que la Maison du chêne-liège, boulevard du Montparnasse à Paris, y pourvoit. Les embrayages des Terrot et autres mécaniques similaires lui disent merci. Mais nous ne connaissons pas de "Maison du feutre". (Si quelqu'un de nos lecteurs en connaît une, merci de nous la signaler, nous nous empresserons de porter cette information à la connaissance de tous.) Ce fut chez Weber, le paradis des bricoleurs-mécaniciens, rue de Poitou à Paris, que nous avons finalement trouvé une modeste chute de feutre dans laquelle nous allons pouvoir tailler bon nombre de "rondelles de presse-étoupe". A l'emporte-pièce, évidement et il faut un instrument bien aiguisé pour ce feutre qui, un peu trop distendu à notre goût, se travaille mal.

Bref, il y a une rondelle machin-chose à la traversée de la commande d'embrayage, une autre à celle du pignon d'entraînement, une encore à la commande des vitesses et peut-être une de plus dont nous ne nous rappelons plus exactement l'emplacement.

Le moteur pouvait maintenant être remonté "pour de bon". Enfin presque, car la vis d'Archimède de la pompe à huile a une partie basse bien rongée par la rouille. Mais ce n'est pas grave car elle peut très facilement être remplacée plus tard sans redémonter le moteur. Signalons que son écrou inférieur de fixation en bronze est le seul du moteur ayant un pas à gauche. L'Amicale en a encore quelques uns de disponibles.

Et, à propos d'huile, un tuyau de l'ami Daniel David. Pour les premiers essais, il est conseillé de remplacer la trappe verticale chromée placée à droite du moteur par l'équivalent en altuglass de quelques 3 à 5 mm d'épaisseur. C'est là que débouche la partie haute de la vis d'Archimède, donc là qu'arrive l'huile remontée par la pompe qui vient directement graisser l'arbre à cames. On peut ainsi voir si le graissage s'effectue correctement. Ne pas trop prolonger les essais. En tout cas, arrêter avant que cette matière plastique ne fonde sous la chaleur du moteur !

Retour sur la partie cycle

Décidément, pour cette fois, nous ne faisons que des flashes back ! Reconnaissons que c'est notre faute et que si nous avions procédé avec davantage de méthode nous n'en serions pas là. Mais l'impatience est mauvaise conseillère et vouloir éviter de perdre quelques heures amène souvent à retarder la fin des opérations de quelques jours sinon de quelques semaines.

 

Après avoir remonté la roue arrière et son garde-boue, nous avons remonté la fourche puis le guidon. C'était le moment de voir si ce "gros vélo" (à ne pas confondre avec le beau vélo de Ravel - Merci San Antonio !) roulait et freinait. Assis sur la selle, nous empoignons donc le guidon et, comme on dit dans ce cas-là, nous avons tout de suite l'impression d'avoir oublié de resserrer quelques boulons. Un examen plus attentif nous prouve que, de ce côté, tout est OK mais, hélas, que ce qui ne va pas, c'est tout simplement le parallélogramme de la fourche avant qui a du jeu de partout et principalement aux deux tés, inférieur et supérieur.

Démontage des pièces et examen au pied à coulisse. Eh oui, nous aurions dû nous en douter, les deux traversées par lesquelles passent deux des tiges du parallélogramme sont ovalisées. Et pas qu'un peu : d'un bon 5/10ème ! Les traversées percées dans la fourche elle-même sont heureusement intactes comme nous le prouve le passage sans jeu d'une tige d'acier Stub de 12 mm. Mais alors, pourquoi ce jeu ? Tout simplement parce que là, ce sont les gros boulons qui assemblent les deux parties qui sont usés. Et, en toute innocence, nous les avions fait chromer ! Enfin, chromer et déchromer, c'est toujours (faire) travailler! Du côté des biellettes, tout va heureusement à peu près bien, merci ! car, quand nous les avions fait resurfacer, nous en avions profité pour recharger les orifices de passage lisses. Que faire ? On pourrait, bien sûr, percer les deux tés de fourche et les baguer. Solution compliquée et onéreuse. Puisque les boulons sont usés, nous allons aléser les passages à 12,5 mm, ce qui va nous donner un passage parfaitement rond. Le travail devra être fait par un atelier de mécanique disposant de machine de précision car il importe que ce soit bien droit et, vu la longueur (une bonne vingtaine de centimètres), il faut un outil approprié. Ensuite, nous allons refaire les boulons. Deux d'entre eux auront un diamètre de 12 mm de bout en bout (ceux qui traversent la fourche) et les deux autres auront un diamètre de 12,5 mm sur presque tout leur longueur, sauf à l'extrémité filetée qui sera alésée puis filetée à un diamètre de 12 mm.

Juillet est bien entamé et il ne faut guère espérer que ce travail puisse être effectué avant septembre car les vacances d'août sont maintenant trop proches.

A suivre...


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Avez-vous envie de jouer aux billes ?

Il arrive souvent qu'en démontant une roue ou une fourche, on constate qu'il manque des billes ou que certaines d'entre elles ont cruellement souffert des injures du temps et du manque de graissage. Mais, où trouver des billes de remplacement ? Il peut arriver que dans une bourse ou à Rétromarché, quelqu'un en propose. Mais, dans le premier cas, on n'est pas toujours sûr qu'elles soient neuves, donc bien sphériques.

 

Ayant eu à faire face à ce problème, nous avons trouvé un fournisseur dans la région parisienne, spécialiste en roulements de toutes sortes, ce qui nous permet d'apporter à ce problème une solution qui a pour elle le double mérite de la simplicité et du bon marché. Le prix d'une bille de 6,35 mm est de 0,50 franc HT. Et, bien sûr, il y en a dans d'autres diamètres ainsi qu'à peu près toutes sortes de roulements. Alors, ce serait dommage de s'en priver !

 

  Ets. Tardy-Rollet, 
  12, avenue François Sommer
  Zone industrielle
  BP 120
  92167 ANTONY
  Tél : (1) 46 66 33 11 
  Fax : (1) 46 66 99 14

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Un homme se penche sur sa pétrolette...

André Lorrain (4ème épisode)

Ah, quelle nuit !

Après 48 h de tension (le mot "stress", en ce tempslà, 1952, n'était pas de mode), après deux jours, donc et deux longues étapes de 300 à 420 Km, je suis en droit d'avoir un sommeil réparateur. Hélas, tout au long de la nuit, je m'agite, je me retourne, je change de place; simultanément je me gratte le dos, les bras et les jambes. Puis arrive une courte accalmie. Je crois enfin pouvoir trouver le repos mérité. Peine perdue; je tends l'oreille. Sous ma litière, je perçois un grouillement continu, insaisissable : pucerons, insectes, araignées dansent déjà la javanaise.

 

Ah ! quelle nuit ! On ne peut jamais tout avoir : ou bien la gratuité de l'alcôve dans une grange, ou le confort coûteux d'un bon lit d'hôtel. Bien avant l'aube je suis réveillé. J'attends avec impatience le chant du coq pour me lever. Point de gallinacé teuton dans cette ferme germanique. Tout est silencieux, et pourtant il fait grand jour. Ma montre LIP Himalaya indique 6 h 30. Le ciel gris bleu que je découvre de mon perchoir annonce encore une belle journée. L'oreille tendue, je guette le moindre bruit d'un lever matinal dans cette ferme. Vers sept heures dix une porte grince. Je m'extirpe prestement de ma couche. C'est le Maître des lieux. Il m'aperçoit et m'adresse un guttural et bref "Gut geschlaffen ?" (bien dormi ?). Par politesse je bredouille une réponse. Il ne me reste plus qu'à enrouler ma litière, Je dégringole de mon perchoir. Je découvre le long d'un mur un robinet. Un peu d'eau projetée sur le visage, c'est ma toilette de chat pour la journée.

Lavé, habillé, harnaché dans ma combinaison de toile bleue, mon premier regard est pour mon coursier. Il m'attend, immobile et superbe, sans même hennir. Un coup de chiffon sur sa robe noire lui redonne l'éclat du neuf de son box d'exposition, avenue de la Grande Armée.

Et c'est reparti !

Voici la fermière qui assiste de loin aux préparatifs de départ du cavalier. Enfin prêt. Personne ne m'invite à tremper un bout de pain de seigle dans un bol de café noir. En France, que de fois des fermiers non contents de m'offrir l'hospitalité d'une simple grange, avaient plaisir au matin à me proposer un abondant petit déjeuner, histoire de bavarder un peu. Ici, je suis en terre étrangère ! La fin de la guerre est juste vieille de sept ans. Le patron se remémore peutêtre ses combats, sa captivité... Tout compte fait , je ne pense qu'à déguerpir. Après quelques mots de remerciements où je m'efforce d'être le plus cordial possible, le maître de maison me souhaite tout de même "Whir Wünschen ihnen eine Gute Reise" (je vous souhaite bon voyage).

 

Désormais, je roule sur le même chemin de terre que la veille, en sens contraire. Il me faut regagner la grande route, Après une si bonne nuit, mon obsession matinale, presque une idée fixe, est de me taper un solide breakfast.

A Göttingen

J'arrive après une demiheure de route à Göttingen, gros bourg pas trop détruit par les bombes des forteresses volantes. Une longue rue principale en pente où j'aperçois une Bäckerei appétissante, qui me pousse à l'arrêt. Il y a derrière la vitrine une profusion de pains de toute sorte : pain noir (de seigle), petits pains au lait. Des ménagères matinales en file indienne attendent patiemment leur tour. Ces braves femmes étonnées par mon accoutrement (combinaison bleu horizon qui contraste étrangement avec l'uniforme traditionnel du motard allemand : cuir ou tenue vert de gris) murmurent entre elles "Das ist ein Auslander" (c'est un étranger). Ces ménagères comprennent vite mon impatience.

 

Rapidement, une vendeuse espiègle et souriante s'empare d'un grand bout de papier kraft. Avec ses mains habiles, elle confectionne un gros cornet conique. Il ne me reste plus qu'à faire mon choix. De la main je désigne en premier les petits pains au lait. Déjà une bonne demi douzaine plus une grosse miche de pain de seigle.

Avec un tel ravitaillement je suis paré pour au moins trentesix heures. Désormais, il ne me reste plus qu'à trouver une crémerie. Ce qui frappe le plus c'est la propreté de la boutique. En ces temps de restrictions d'aprèsguerre, le beurre allemand mi margarine mi ??? est loin d'égaler celui d'Isigny. Pour les fromages c'est encore pire, tant pour le choix restreint des variétés que pour le gustato.

Déjeuner sur l'herbe

A la sortie du pays, en rase campagne j'avise un bucolique chemin pour déjeuner. Bientôt sur les brûleurs du réchaud Radius, dans une gamelle alu, l'eau frémit. Une cuillerée de café soluble au fond du quart, une grande rasade d'eau chaude par dessus et voilà le jus qui est prêt. Tel un roi en campagne, je savoure mon premier repas de la journée. Point de laquais ou de majordome, seule une carte routière Aral déployée à même l'herbe. Je bâtis ma nouvelle étape. Mon estomac est solidement lesté, j'ai les idées bien claires, j'ai le choix entre deux itinéraires. Je choisis la route HanovreSoltau. Le kilométrage aujourd'hui est restreint, par contre la navigation sur de petites routes est plus laborieuse.

 

La pensée de flâner un peu dans cette belle région sauvage de forêts, de landes, de marécages, entre Hanovre et Hambourg n'est pas pour me déplaire. Il me reste 115 kilomètres à parcourir jusqu'à Hanovre. J'ai décidé de faire étape ce soir près de Soltau, dans une AJ (auberge de jeunesse) à 40 km au Sud de l'autoroute BrêmeHambourg.

Sur la lande de Lunebourg

Cet aprèsmidi là, après trois grandes belles et chaudes journées d'été, le soleil se trouva mal, Aussi loin que porte mon regard, c'est le val, la lande, les maigres bosquets où dominent la bruyère et le bouleau. Je suis au coeur de la lande de Lunebourg. De bien rares bourgades, les villages sont très espacés. L'horizon se confond avec un ciel bas et triste. Tout est immensément gris. Quelle solitude !

 

De temps à autre, j'aperçois de longues bâtisses à toitures basses abritant bêtes et gens. Quelle austère contrée qui respire le calme, la tranquillité, l'ennui. Mon esprit commande au corps : "Roule, roule, pétarade, Noire Pétrolette, surtout ne me contraint pas à l'arrêt (perle à la bougie)."

Cet aprèsmidi, le corps est fatigué. J'éprouve une seule, irrésistible envie : m'étendre, dormir. Dormir et m'étendre. Pour s'arrêter, il faut trouver le bon endroit, le bon emplacement, comme disent les forains. Un petit coin tranquille loin de la grande route, une herbe sèche, une clôture de barbelés pas trop piquante, un peu lâche pour se glisser plus facilement par dessous.

Après plein de tours et de détours, je trouve enfin ma terre promise. Au loin, il y a juste une ferme et quelques moutons en pâture. Un tapis de sol vite jeté à terre, un sac de couchage en guise d'oreiller et je m'endors comme un bienheureux. Lorsque une profonde fatigue vous gagne, le temps se désagrège. Un quart d'heure ou une demi heure, rien d'autre ne compte que dormir, récupérer. Le repos du guerrier

Après deux longues étapes, deux nuits dont l'une fut brève et l'autre à moitié blanche, qu'il est bon de trouver le repos, d'avoir une période d'indécision et de nonchalance, mélange de béatitude et de douce somnolence ! Je ne suis pas tout à fait au bord du réveil; je cligne des yeux, histoire de revenir sur terre... Je me frotte les paupières. Il me semble voir des dizaines de gros yeux au regard fixe qui sont posés sur moi. Je referme les yeux. Il s'agit peutêtre d'une sorte de rêve... A nouveau, j'écarquille plus grandes mes paupières. Je suis bien totalement entouré, encerclé, encadré, par une multitude de moutons, un énorme troupeau. Je me fais l'effet de Gulliver endormi, cerné, au royaume des brebis. Soudain, c'est le brusque recul, la débandade, la fuite, le sauve qui peut. J'ai dû faire sans bien m'en rendre compte, un simple mouvement, peutêtre un geste brusque, qui a provoqué cette panique et cette fuite. Il ne s'agit pas de fiction, nul cauchemar, pas le moindre rêve.

La R4 B, réservoir noir, sigle SNECMA, est là, à portée de mon regard. Ces doux animaux gagnés par une simple curiosité, étaient venus contempler de plus près cet intrus, l'homme endormi, immobile, silencieux, allongé dans leur pâture, sur leur territoire, la grande lande de Lunebourg.

De la lande à l'autoroute

L'autoroute BrêmeHambourg sur laquelle je circule amorce une rapide descente. Le ruban de béton, insensiblement, descend sous terre, d'abord sous la forme d'une tranchée, puis sous celle d'une large artère, clôturée de gauche et de droite de hautes murailles,

 

Puis, c'est l'obscurité. Ici et là, quelques pâles, blanches taches de lumière. Je roule désormais dans un tunnel et déjà, c'est la remontée. Je viens de franchir en passage souterrain un long tunnel sous l'Elbe. Un panneau indique: Hamburg Zentrum. Je prends cette direction et je débouche sur un immense no man's land. Ce qui me surprend en premier, ce sont de gigantesques tas de pierre de la hauteur d'un immeuble de trois étages.

Pyramides de moellons, de belles pierres de taille, ou encore, des briques, soigneusement entassées les unes sur les autres, dressées deci delà tels des derricks. Je suis au coeur des ruines de la dernière guerre en plein Hambourg.

Découverte de Hambourg

Des travailleurs matinaux attendent l'arrivée d'un tramway. Je m'approche d'un groupe et je questionne "Richtung Zentrum ?" (direction centre ville). On me répond : "Sie sind angekommen." (vous êtes à Hambourg). Par deux fois je renouvelle ma demande. Ce travailleur me prend pour un débile. Il vient de me répondre et à l'instant même je repose la même question. Nos regards se croisent, et, persuadé que j'ai mal compris, il ajoute d'un air las : "Das ist den Krieg" (c'est la guerre).

 

Voici qu'arrive le tram. Je n'ai plus qu'à le suivre. Cinq minutes après, je suis en plein centre ville. Des magasins entièrement reconstruits, des vitrines luxueuses, la foule grouillante qui se presse, les hommes mal vêtus, une petite serviette noire sous le bras, les femmes un peu plus élégantes, voire coquettes. Tout le monde court comme dans une grande capitale vers ses occupations, ignorant des voisins.

Soudain éclatent à mes yeux les enseignes publicitaires. Tous les vieux noms de la photo allemande sont affichés là : Agfa, Leonard, Contax, Voigtlander, Zeiss Ikon... Chaque vitrine, chaque devanture m'appelle. Au début j'hésite car on a l'embarras du choix comme dans certains quartiers chauds où il y a des brunes, des blondes, des blanches, des métisses. Il faut se décider, choisir, conclure, pousser la porte du magasin.

Je fredonne un air célèbre de la môme Piaf: "C'est à Hambourg, à Amsterdam...". Si je suis là béquillant ma pétrolette en plein centre ville, c'est par curiosité, poussé par le démon : celui de la photographie !

Histoire de voir, et de comparer, les prix français et les prix allemands de ces petites boites noires, joyaux de mécanique et d'optique de précision. Leur nom seul fait rêver : Leica, Retina. En ces temps d'après guerre, la seule évocation de ces marques, prestiges des appareils photos allemands, fait fantasmer tous les amateurs de France. Ces appareils sont introuvables dans l'hexagone ou alors, à quel prix ! Pour décrocher la perle rare, le bijou tant convoité, point besoin de grimper au mât un 14 juillet, il vaut mieux avoir dans ses relations un bidasse du contingent affecté en zone d'occupation. Si la chance est avec lui, il ramènera en douce l'objet tant convoité, au nez et à la barbe des gabelous. Mais gare, après, au contrôle des douanes volantes. Dans la boutique un vendeur courtois me met en main ces merveilles et énumère la haute technologie d'alors : ouverture 2,8, optiques interchangeables, obturateur à rideau, vitesses de B au 1/500ème, télémètre couplé, etc. Je nage dans le bonheur un court instant. Juste le temps de faire clicclac à travers la glace de la vitrine, sur une jolie gretchen à la démarche ondulante qui vient de passer devant le magasin. Je ressors avec juste deux prospectus et des prix griffonnés en DM.

Spectacle de désolation

Le centre ville se réduit à la taille d'un quartier, disons d'un petit arrondissement parisien. Voila ce qu'il reste de la grande cité, du grand port hanséatique, base de réparation des sousmarins, les "loups gris" pendant la dernière guerre. Je me dirige vers le port Partout des môles détruits, des grues calcinées et tordues. Soudain, je découvre le quartier Deichstrasse qui longe les canaux. J'admire ici les anciennes demeures des XVIIème et XVIIIème siècles miraculeusement épargnées par les bombes. Voici les entrepôts en briques rouges qui recèlent les matières rares : café, cacao, tapis et porcelaine. En haut de chaque façade, pitonnée dans le mur, une poulie sert au transbordement des marchandises. Les enseignes des mandataires sont affichées là, avec leur nom propre, précédé des deux mots magiques : ImportExport.

Je quitte Hambourg

Le centre ville à nouveau traversé, je prends la direction de l'aéroport, Altona, puis plein nord, cap sur Kiel. Encore 180 Km à parcourir à travers le SchleswigHolstein et c'est le poste frontière de Flensbourg , la porte ouverte sur le Danemark.

(à suivre)


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La poignée Saker des L53

Les questions fusent au sujet des montages électriques sur les Gnome & Rhône. Voici donc le montage corres-pondant aux Gnome & Rhône 4 vitesses des années 50 dérivées de la L53, de 1953 aux derniers modèles vers 1960, y compris les versions militaires. Cette étude est toutefois limitée aux machines équipées comme la L53 de la poignée SAKER réf. 620. L'équipement électrique est composé des éléments suivants :

 

  • volant magnétique
  • cellule redresseuse (sous réservoir)
  • batterie
  • poignée SAKER réf. 620
  • avertisseur
  • feu AR
  • phare complet
  • circuit d'allumage HT

Voici, extraites d'un document d'époque, quelques unes des caractéristiques de ce type de poignée.

ALIMENTATION

De conception tout à fait nouvelle, et grâce à son système d'alimentation, cette poignée peut aussi bien être montée - sans aucune modification - sur alimentation volant magnétique seul ou volant magnétique et batterie. Dans ce dernier cas, aucun commutateur sur phare ou batterie n'est nécessaire.
L'alimentation se fait automa-tiquement, Phare-Code sur volant magnétique, Lanterne AV et AR et Avertisseur sur batterie. La lanterne AR étant toujours sur batterie ne risque aucun grillage, même par "claquage" de l’ampoule phare-code. Lors du passage de lanterne à code ou phare, le changement d’alimentation est instantané.
Cette nouvelle poignée "SAKER" convient pour TOUTES LES MACHINES

SECURITE

Une particularité de la nouvelle "SAKER" tient aussi à son "VERROUILLAGE" qui permet d'assurer l'éclairage désiré avec sûreté. Quatre positions verrouillées peuvent être obtenues (voir MANOEUVRE) ;

  • verrouillage JOUR,
  • verrouillage NUIT en STATIONNEMENT,
  • verrouillage ECLAIRAGE VILLE,
  • verrouillage ECLAIRAGE ROUTE.

Par le simple blocage du curseur se trouvant sur le boîtier, et qu'il est facile de manoeuvrer sans lâcher la poignée, le motocycliste est ainsi garanti :

  • Qu'en VILLE, il ne risque pas d'éblouir par un éclairage phare, mais qu'il peut faire ses appels en code, aux croisements ou pour doubler, avec la rapidité et la certitude indispensables à la sécurité.
  • Que sur ROUTE, en aucun cas. il ne peut, même par un malencontreux mouvement imprévu, avoir devant lui. un "trou noir". Il est en effet impossible d'éteindre ni de se trouver simplement en lanterne.

MANŒUVRE

ECLAIRAGE VILLE Pousser le curseur vers l’avant à fond, (déverrouillage). Tourner la poignée : Index sur L lanterne ville, puis sur C code

 

Si, la poignée étant sur L, vous ramenez le cur-seur en arrière (il s'arrête sur V) sans éteindre aucune lumière, vous manœuvrez seulement lanterne et code.

ECLAIRAGE ROUTE

La poignée ramenée sur L, pousser à fond en avant le curseur (déverrouillage). Tourner la poignée :index sur C éclairage code, index sur P éclairage phare. En ramenant le curseur en arrière (verrouillage sur R), vous n'obtiendrez infailli-blement que code et phare.

EN STATIONNEMENT

La poignée sur L, lan-ternes AV et AR allumées, le blocage complet de la poignée est obtenu en ne ramenant en arrière le curseur que sur la position R.

LE JOUR : Pousser le curseur en avant. ramener la poignée sur O et verrouiller, la poignée est fixe pour le jour.

Nota : Dans tous les cas de combinaison de la poignée tournante, le bouton avertisseur et le bouton de mise à la masse restent en fonctionnement. Si le curseur reste en position déverrouillé, la poignée demeure libre et toutes les positions sont obtenues successivement par rotation de la poignée.

Ampoule de phare : 12 volts - Ampoules des lanternes : 6 volts.

 

OPTIONS SPECIALES

Coupe circuit batterie : Il est à intercaler sur le fil noir, en amont de la batterie.
Feu arrière stop : Reprendre le + au niveau de la batterie.
Fusible : Quelque soit le montage, il n'est pas inutile de rajouter un fusible de 10 A en série avec le fil + de la batterie.

Daniel David

 


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Retour sur MILLESIM

Dans notre numéro 7 nous avons présenté l’additif MILLESIM produit par ELF. Voici quelques précisions extraites d’un dépliant technique.

Propriétés de MILLESIM

Cet additif ne contient pas de plomb et ses propriétés permettent la lubrification des sièges et des soupapes d’échappement avec la même efficacité. Il est économique car le coût du carburant 97 plombé est supérieur à celui du carburant sans plomb 95/98 additionné de MILLESIM.

 

Additionné à l’Optane 95 ou 98, il permet de bénéficier des avantages de ces carburants :

  • propreté des conduits d’admission et du carburateur : consommation réduite, démarrage à froid facilité et ralenti plus stable.
  • propreté des soupapes d’admission et des chambres de combustion (évite le grillage des soupapes en empêchant le dépôt de calamine et prolonge la longévité du moteur.

Préconisations

MILLESIM + OPTANE convient à tous les véhicules 4 temps et convient aux véhicules qui pouvaient rouler à l’essence ordinaire. ON évitera de mélanger les essences sans plomb et les essences plombées en présence de MILLESIM. On remarquera que le tuyau d’échappement n’est plus recouvert d’oxydes de plomb (dépôts blanchâtres).

Disponibilité

Nous tenons continuellement ce produit disponible au prix de 85 francs ttc le bidon d'un litre (port et emballage compris).


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Bourse de la Saint-Michel à Le Cendre

Dimanche 29 septembre 1996 de 8h à 18h

LE CENDRE - 63670 (13 km au sud-est de Clermont-Ferrand)

GRANDE BOURSE MOTOS/AUTOS

anciennes et modernes
Brocante en tous genres
Pièces et machines entières
Renseignements : Association ACAM

Tél : (16)-73 84 09 16

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Du 1er mai au 31 octobre 1996 :

Expo moto St Caprais (Allier)

(à 30 Km de Montluçon et 5 Km d'Hérisson)
45 véhicules à 2 et 3 roues de 1905 à 1970 (dont 35 motos françaises)
Principales marques : Terrot, Motobécane, Peugeot, Monet-Goyon.
Mais aussi : Alcyon, Dollar, René Gillet, Dresch
Ainsi que 5 motos auvergnates : 7 Favor + 2 Gima
Quatre salles d'exposition sur 250 m2
(artisanat, poterie, produits régionaux)

Ouvert de 14 h 30 à 19 h, du mercredi au dimanche

Entrée motos : 15 francs (moins de 10 ans : gratuit)

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Calendrier des manifestations du second semestre 1996

5 octobre 1996
Assemblée générale de l'AMGR (cette date et le lieu seront confirmés dans le
bulletin Spécial AG de septembre).
20 et 21 octobre 1996
Salon Epoq'auto à Lyon.
1, 2 et 3 novembre 1996
Rétromarché de Paris au Parc floral de Vincennes.

 

 


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