Merci Louis Blériot, Merci Gnome &
Rhône,
Merci le Musée SAFRAN et l’AAMS
En visitant le Musée SAFRAN on est émerveillé par
l’exceptionnelle collection de motos de la marque G & R
et chacun d’entre nous s’extasie devant la qualité de
restauration de ces machines. Dans une autre partie du
Musée, on y découvre un petit avion dont l’histoire
singulière est à conter.

Comme beaucoup d’entre nous le savent, Louis Blériot, as
de l’aviation, effectue la première traversée de la
Manche il y a cent ans, le 25 juillet 1909 pour être
précis, sur un BLERIOT XI à moteur Anzani 3 cylindres en
éventail à 60° soupapes d’admission et d’échappement
automatiques avec des ouvertures auxiliaires dans les
cylindres. Il développait 25 CV à 1600 t/m pour un poids
de 65 kg.
Parti de Calais, il atterrit en catastrophe 37 minutes
plus tard dans une faille de la falaise à Douvres.
Par la suite le moteur fut remplacé sur les Blériot XI
par un Le Rhône 9C beaucoup plus moderne et plus
puissant, avec ses 80 CV à1200 t/m pour un poids en
ordre de marche de 119 kg.

photo Gérard Basselin |

photo Centre
canadien du patrimoine aéronautique |
Le Blériot du Musée SAFRAN est une réplique parfaite
d’un autre avion qui a eu bien du mérite à survivre dans
les pires conditions qui soient. L’original appartenait
à un châtelain de Normandie qui l’utilisait fréquemment
au cours de meetings aériens ou pour ses déplacements
privés. Un passionné du ciel. Entendant l’Appel du
Général en juin 1940, notre châtelain va s’envoler pour
rejoindre l’Angleterre. Hélas il n’ira pas au delà de la
première rangée de peupliers qui bordent son terrain, le
Blériot XI, moteur cassé se pose en catastrophe. Les
Allemands accourent et fusillent immédiatement le
« gentleman pilot » et mettent le feu à l’avion déjà mal
en point.
La
malheureuse veuve du châtelain recueille la dépouille de
son mari et les morceaux du Blériot dont une aile a
brûlé. Elle garde les débris dans les communs du château
pendant de nombreuses années jusqu’à ce que la charpente
du bâtiment vieillissant, comme la châtelaine du reste,
l’écroulement d’une partie du toit oblige celle-ci à
consolider l’édifice au moyen de câbles en acier qui
passeront à travers le fuselage déjà éprouvé du
malheureux Blériot XI.
Un
ferrailleur de la région de Tours, Monsieur Dufresne qui
connaissait toute l’histoire, voulait absolument
récupérer la carcasse de ce Blériot XI et essuyait à
chacune de ses visites un refus poli de la châtelaine
qui voulait conserver un souvenir de son défunt mari.
Après des
années de discussions, le ferrailleur est arrivé à ses
fins et récupère les restes du Blériot XI, carcasse et
moteur.
Vers 1990,
Monsieur Dufresne va s’adresser à l’AAMS, pour la
restauration du moteur Le Rhône 9C qui était sur l’épave
récupérée chez la châtelaine.
L’AAMS lui
propose alors le marché suivant :
-la remise
en état du moteur,
-la
restauration de tout l’avion et, en contre partie,
l’autorisation d’en faire une copie pour le Musée
SAFRAN.
Le
ferrailleur accepte le marché.
Le moteur arrive dans la « clinique » du Musée qui va le
démonter pour connaître les causes de la chute de 1940.
Une bielle est passée à travers son piston par suite
d’un problème de graissage. Le moteur sera donc
entièrement refait dans les règles de l’art par des
retraitées de l’AAMS.
La
carcasse est remise aux « Ailes Anciennes » à Dugny
Par la
suite, la SNECMA va proposer un contrat d’un an à un
chômeur qui va restaurer les parties endommagées et en
même temps, faire une copie de tout l’appareil.
Le
Blériot XI du ferrailleur se trouve aujourd’hui dans son
propre musée, Le Musée Dufresne, près d’Azay le
Rideau, équipé de son moteur Le Rhône 9C.
Quant à
la parfaite réplique qu’on peut découvrir à Villaroche,
au Musée SAFRAN, elle est équipée d’un moteur Le Rhône
7C qui appartient au Musée de l’Air et de l’Espace du
Bourget.
Pour la petite histoire, Louis Blériot « touche à tout »
de génie, inventeur en avance sur son temps a fabriqué
quelques motocyclettes sous sa marque.

photo Patrick DEBETENCOURT
La moto bleue que Bruno
Caillou présentait pendant le meeting de la Ferté-Allais
2007 est une "Blériot 500 Standard" de 1920, à moteur
bicylindre 4 temps. Elle a été récemment restaurée avec
son frère Jean, pour le compte de son propriétaire M.
Louis Blériot, le petit-fils de l'aviateur.
On peut aller au Musée SAFRAN,
On peut retourner au Musée
SAFRAN,
On peut re-retourner au Musée
SAFRAN…
On ne remerciera jamais assez
les bénévoles de l’AAMS qui consacrent une journée par
semaine de leur retraite à restaurer les motos et les
moteurs d’avions et grâce à qui, on peut admirer une
exceptionnelle collection de machines et de moteurs qui
sont le reflet d’un prestigieux savoir-faire français
qu’on se doit de respecter.
Je tiens tout particulièrement
à remercier Monsieur Claude Moussez, Président de
l’Association des Amis du Musée Safran qui a eu la
gentillesse de confier cette histoire à mon complice
Gérard Basselin car je connaissais une autre histoire et
j’avais demandé au Sieur Gérard de la vérifier. Il
s’avère qu’elle était différente et donc, c’est la
véritable histoire du Blériot XI du Musée SAFRAN.
Georges Ulmann
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